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MAXIME, CHAPITRE CINQ : L’IMPOSSIBILITÉ DE FUIR

  • SiTuM'aimes
  • 21 mai 2019
  • 5 min de lecture

Image tirée du documentaire France 2 sur Maxime Gaget

" L’été passe, l’automne et l’hiver aussi, les coups et séances de pugilats se multiplient à un stade dramatique. Je ne suis plus que l’ombre d’un être humain à compter de ce moment. J’arrive tout au plus à me remémorer mes noms, prénoms, date de naissance, quelques données d’état civil et…. C’est à peu près tout. Mon esprit a comme été passé au mixeur en l’espace d’à peine quelques mois. Je suis physiquement défiguré, méconnaissable, et surtout très faible. Je ressens une lassitude sans cesse grandissante pour la vie, même si je continue à m’y accrocher avec l’énergie du désespoir.

Courant Octobre 2008. Suite à une fouille inopinée dont je fais l’objet, elle trouve un paquet de cigarettes entamé dans mon blouson, et je refuse de lui fournir la moindre information. Pugilat général, tout le monde y a droit. Je me retrouve KO par terre, sa fille se prend un coup de poing directement en pleine tempe, la rendant aveugle quelques minutes. Son fils finit étalé de tout son long sur le clic-clac encore déplié, elle par-dessus lui, et elle le frappe comme le ferait une guenon en furie. Folie à l’état pur ! Elle s’arrête enfin, retourne sur l’ordinateur portable qu’elle m’a forcé à racheter à crédit, étant donné qu’elle avait détruit mon ordinateur portable quelques mois auparavant, après l’avoir elle-même bloqué (fichiers de démarrage corrompus ; c’était un Windows Vista familial). Elle se sert un grand verre de whisky, se roule un pétard, siffle son verre d’un trait, et recommence à rigoler comme une idiote tout en tchatant, comme si de rien n’était… ou presque.

Pendant ce temps, péniblement, j’arrive à me relever et viens porter assistance à sa fille, en larmes. Sa vue revient tout doucement, Dieu merci, mais elle est horriblement choquée. Son frère, quant à lui, a réussi à se relever tant bien que mal ; il est complètement groggy, et saigne passablement du nez. Son visage n’est plus qu’une boursouflure uniforme, fortement tuméfié. Je me vois intimé l’ordre de nettoyer le sang de son fils, et je n’ai d’autre choix que d’exécuter les ordres, pendant que « madame » fait mumuse, à moitié ivre, shootée, complètement impotente.

Ce soir là, tout le monde se couche en silence, sans demander son reste.

Depuis le mois de Mars 2008, les actes de torture s’accumulent à une vitesse vertigineuse : coups de manche à balai, coups de poêle à frire en pleine tête, brûlures de cigarette, brûlure au fer rouge, « shampoing » à la poudre à laver (corrosif), cristaux de gros sel dans les yeux, tentatives de strangulation… Elle cherche même, à la fin octobre 2008, de me faire prendre feu en brûlant mes cheveux et ma barbe ! Par miracle, le feu s’étouffe de lui-même compte tenu de mon état d’hygiène absolument désastreux. De colère et de frustration, elle en casse son briquet…

Juin 2008 : voyant que mon intellect résiste encore à sa sauvagerie, elle décide d’amorcer des privations de nourriture et de sommeil plus dures et fréquentes me concernant. Les effets sont absolument dévastateurs : je n’arrive pour ainsi dire plus à me définir (tout au plus, quelques informations basiques telles que nom, prénom, date de naissance, ville d’origine… et c’est à peu près tout), perte pondérale dangereusement rapide (92 Kg => 66 Kg en quelques mois à peine, sachant que je mesure 1.84m).

Fin janvier 2009 : Nadia m’a envoyé faire des courses, comme bien souvent. Pendant ce temps, son dealer vient la « livrer ». A mon retour au studio, je la vois complètement folle, en train de retourner sans dessus dessous toutes les affaires. Prise de paranoïa, elle avait caché sa dose, afin d’empêcher que je ne puisse la lui voler… Ce qui est absolument impossible : 1) je suis farouchement opposé à toute forme de drogues, et enfin 2) je reviens à peine des courses. Elle me force à chercher, ce que je fais sans grandes convictions. La situation l’énerve encore plus : elle est manifestement en manque ! Elle me saute dessus et me frappe. Le presse-agrume lui sert de masse pour me briser les doigts. Dans son élan, le lourd objet en aluminium lui échappe des mains et vient se briser par terre. Cela la rend littéralement folle de rage, elle m’en tient pour directement responsable. Elle ramasse un des pieds du presse-agrumes, me plaque contre un mur et se sert de ce morceau comme d’un poignard pour me lacérer l’arrière du cuir chevelu. Elle me jette littéralement hors du studio, avec ordre de lui procurer sa dose d’ici une heure, peu importe le moyen. Complètement sidéré, je me ressaisis et décide enfin de réagir. J’ai l’idée de me rendre à un café non loin de là, afin de solliciter de l’aide. Le patron, me voyant, me repousse dehors, comme un malpropre, malgré ma demande de secours. Plan B : pris d’une soudaine colère, je me décide à aller porter plainte à la Police, quels qu’en soient les éventuels risques ultérieurs. Par chance, une équipe de gardiens de la paix sont en intervention à mi-chemin. Un des agents, en me voyant, me prend immédiatement en charge et fait appeler illico une ambulance. Celle-ci m’emmène à l’hôpital St Antoine, où je suis soigné et examiné. Dans les deux heures qui suivent, je suis évacué sur le centre hospitalier de Tenon, pour y être opéré au niveau des parties génitales : j’ai reçu une quantité spectaculaire de coups de genoux à l’endroit susnommé, et il me faut être opéré en urgence, afin de drainer les hématomes et autres ecchymoses constatés, pour partie graves. Tout ce « bloc » est devenu horriblement violacé, en plus d’avoir pour ainsi dire quadruplé de volume à cause des coups. Première opération chirurgicale de ma vie. Je peux vous assurer que ça fait vraiment bizarre, très sincèrement. L’équipe médicale a été extra du début à la fin. Dans les 48h qui suivent, je réussis à obtenir un rendez-vous avec la psychologue de l’établissement, et essaie – très subtilement – de lui exposer les faits. Elle n’a malheureusement pas compris le signal d’alarme que je lui adressai pourtant. Ce n’est pas de sa faute. Je n’ai tout simplement pas réussi à trouver la force morale de lui expliquer frontalement ce qui était en train de se dérouler. Comment aurai-je pu le faire, face à cette situation humiliante et ô combien cauchemardesque, presque tout droit sortie d’un roman plus noire que noire ? Je suis enfin libéré, avec une bonne dizaine de points de suture encore présents. Il m’est confié un seul et unique ticket de transport. Le moment serait propice pour fuir. Mais où ? Comment ? Avec quels moyens ? Si elle porte plainte à mon encontre, je deviendrai – de fait – un fugitif, avec tout ce que cela implique…

La mort dans l’âme, je retourne dans l’antre de Cerbère."

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