MAXIME, CHAPITRE QUATRE : L'ISOLEMENT
- SiTuM'aimes
- 14 mai 2019
- 4 min de lecture

" A partir de ce stade de l’histoire, la situation est devenue relativement grave. Compte tenu des attaques répétées de Nadia, je ne peux plus dormir que d’un œil, et cela me conduit inévitablement à un stade d’épuisement dramatiquement élevé, outre les coups et blessures, assez nombreux, qui se sont mis à pleuvoir en journée… et parfois la nuit. Il est même arrivé que Nadia, sur un coup de tête un beau matin, m’ait tout simplement interdit de partir travailler, gardant la clé de la porte blindée d’entrée sur elle. A trois reprises, sachant que je suis myope, elle m’a intégralement détruit ma paire de lunettes, la troisième étant la bonne. La deuxième fois, la monture d’origine ayant été irrémédiablement brisée, elle a « pris sur elle » d’en choisir une nouvelle… en plastique ROUGE ! C’est un petit peu comme si un taureau choisissait la couleur de la Mouletta du matador qu’il a prévu – à terme – d’encorner. Vous voyez un peu l’idée ? J’ai également fait l’objet de plusieurs hospitalisations durant cette période d’essai, en plus des jours où elle me forçait à partir embaucher avec le visage copieusement badigeonné de fond de teint, pour masquer les nombreux hématomes dont celui-ci finissait par devenir complètement constellé.
Un soir, elle me fouille et tombe sur ma carte de crédit d’entreprise. Ses yeux brillent devant ce petit bout de plastique comme s’il s’agissait d’un diamant. Je m’épuise à lui expliquer que cette carte est raccordée à mon compte et non à celui de l’entreprise, mais en vain : je jette l’éponge à tel point elle est butée.
Toutes ces absences, injustifiées pour la plupart (comment aurai-je pu exposer cela à ma hiérarchie, considérant la teneur hautement explosive du sujet), ont mené inévitablement à ce fameux jour du 12 février 2008. Ce matin là, je me rends sur mon lieu de travail. Il était initialement prévu que je doive effectuer ma première mission en extérieur. Ma responsable de mission m’avertit que celle-ci a été annulée. Étrange autant que soudain. Je me mets en attente sur un poste informatique vacant, et m’auto-forme grâce à la base de données technique Intranet de l’entreprise. Dans l’heure qui suit, une DRH me demande de « bien vouloir » la suivre. Nous entrons dans un petit bureau assez neutre, et elle m’apprend que je suis licencié, sur un ton assez glacial. L’information me met KO. La mort dans l’âme, je restitue mon badge, ma clé usb professionnelle et quelques autres effets, avant de me voir raccompagner par un agent de sécurité jusqu’au portique du hall d’entrée, complètement anéanti. Je repars tant bien que mal jusqu’à la station de métro. En sortant de la station « Boulets », je tombe, à l’angle de la rue, nez à nez avec Nadia et son frère. Surprise générale des deux côtés. Pour toute réponse quant à ma présence, je leur tends mon courrier de licenciement. Son frère a un geste amical. Elle, faussement compatissante, médit l’entreprise de noms d’oiseaux.
De retour au studio, elle me tend un écrin d’une petite quinzaine de centimètres de long et m’invite à l’ouvrir. A ma forte surprise, il s’agit d’une gourmette. Un peu intrigué, je lui demande comment elle a fait pour se l'acheter, sachant que sa carte bancaire n’est pas illimitée. Elle me répond, le plus naturellement du monde, « Oh, j’ai utilisé ta carte ». Sympa, le « cadeau » ! Intérieurement, je suis complètement dégoûté par son attitude. A partir de ce moment précis de l’histoire, le niveau des dépenses de Nadia devient pantagruellique. Mes finances se prennent une gigantesque claque par la même occasion. Elle se met à consommer de plus en plus massivement alcool et cannabis, ce qui la rend plus instable, plus hystérique qu’à l’accoutumée, mais aussi et surtout autrement plus dangereuse.
A peine 3 semaines après mon licenciement, le traitement qu’elle inflige à mon compte bancaire a finalement raison de celui-ci : finances totalement mises à sac, et les dettes s’accumulent dangereusement sans que je puisse intervenir de quelque manière que ce soit. Elle se met bille en tête de vouloir produire des crédits à mes noms et prénoms, pour pouvoir dépenser encore plus d’argent… bien sûr, pas le sien ! A elle les bénéfices, à moi les créances. Etrange conception du partage que la sienne... Par chance, les organismes de crédits refusent en bloc ses demandes. Dans la foulée, elle me force à contacter mes proches (au sens large du terme), espérant leur soutirer le plus possible. Echecs à répétition là aussi. Elle fulmine, mais finit par se résigner, faute de mieux. Les violences montent encore crescendo, jusqu’à devenir de véritables actes de torture.
Les privations se succèdent aussi : forcé à dormir pour ainsi dire à même le sol dès la fin janvier, interdiction d’accès à la moindre commodité ou lieu d’hygiène à la fin de la première semaine de février, privations alimentaires arrivant peu à peu à partir du début du mois de Mars…
Je m’affaiblis à vue d’œil, et ce n’est pas terminé pour autant.
Très rapidement après mon licenciement, je ne suis plus à ses yeux tout au plus qu’un esclave domestique. Le terme est très fort, je vous l’accorde, mais telle est pourtant la réalité des choses. Assez vite, elle se met à accorder ses « faveurs » en nature à des hommes « de passage » pour le weekend (voire moins), dont au moins un agent de Police. Voilà qui complique encore plus la situation : sachant qu’il y a potentiellement un ver dans le fruit, je ne peux plus faire appel à quiconque de ce côté sans risquer de me retrouver nez à nez avec l’intéressé .
Je me sens, au fil des semaines, glisser irrémédiablement vers un état proche de la folie, sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Chaque jour est un véritable cauchemar, pire que le précédent, et moins catastrophique que le suivant. Se voir dégringoler ainsi est horrible : on est un peu comme passager d’un wagon d’une montagne russe. L’on sait que ça va très mal finir, mais on ne peut strictement rien y faire. On se sent comme lentement agoniser par asphyxie… c’est assez proche, quoique plus lent encore. J’ai connu cela aussi, oui, à au moins deux reprises (tentatives de strangulation, stoppées in extremis au bord de la syncope). Impossibilité de respirer, lent étouffement, on se sent inexorablement partir, totalement impuissants…. "
Comments